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choſes, & que l’impoſſibilité de retourner ſur la terre, étoit certaine : je branlois la tête à cette prédiction, & je répondois toujours que j’avois un preſſentiment que cela arriveroit. L’événement a juſtifié que je penſois juſte, & qu’une ſecrette intelligence me donnoit un préſage de l’avenir.

À meſure que j’avançois en âge, mes réflexions ſur tout ce que Lodaï m’avoit enſeigné, s’étendoient & s’arrêtoient ſur tous les objets qui s’offroient à mes yeux. Il m’avoit appris la philoſophie, mais une philoſophie naturelle, qui n’était point hériſſée de mots, mais de choſes aiſées à tomber ſous les ſens ; & j’étois ſi fort occupé des miracles qui ſe préſentoient journellement à mes regards, que j’en oubliois ſouvent juſqu’aux ſoins de ma conſervation. Les recherches que je faiſois m’éloignoient quelquefois de notre demeure de plus de dix ou douze karies : il m’étoit arrivé déja deux fois de m’égarer ; ma mère & Lodaï qui m’aimoient tendrement, & dont l’inquiétude avoit été extrême, m’avoient conjuré ſi fortement de ne leur plus donner ces allarmes, que je fus un tems ſans m’écarter, & ſans manquer à revenir coucher au domicile.

Un jour que j’étais entré dans la crevaſſe d’un rocher, dont le ſentier étoit aiſé & ſpacieux, je