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dépend des choſes qui ſont hors de nous. L’expérience que j’en ai faite, me l’a prouvé ; & j’eſpère que vous en conviendrez, avant qu’il ſoit peu.

Lodaï finit ainſi, & conſola par ſes ſages diſcours Hildaë des malheurs qui l’occupoient. Ce qui la calma entiérement, fut la facilité avec laquelle je m’accoutumai à la nouvelle nourriture que l’on me donna : non-ſeulement elle ne m’incommoda point, mais elle me fit ſi bien profiter que je grandiſſois à vue d’œil. Douze ans ſe paſsèrent dans une tranquillité profonde & qui ne furent troublés ni par les maladies, ni par les ſoins qui nous agitent toujours dans le monde. Je fus élevé par le ſage Lodaï ; il me donna les connoiſſances qu’il avoit acquiſes ; & lorsſue je fus dans un âge raiſonnable, l’on m’apprit qui j’étois. Ils furent ſurpris de la vivacité avec laquelle je fus ſenſible à l’injuſtice que le roi avoit faite à ma mère : j’en montrois un reſſentiment qui altéroit quelquefois notre tranquillité ; & la fin de nos converſations, lorſqu’elles rouloient ſur ce ſujet, étoit toujours ſuivie par les proteſtations de ma part, que ſi jamais mon étoile me faiſoit revoir la lumière, j’enmploierois ma vie pour remettre ma mère dans une place que ſa vertu méritoit. Lodaï me remontroit en vain qu’il ne falloit pas ſonger à de pareilles