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brûle perpétuellement ; & qui outre qu’il me donne les moyens par un four fabriqué par la nature, de faire mon pain, & de cuire les viandes exquiſes que j’ai découvertes, ſert encore à m’éclairer par une eſpèce de poix qui file dans des veines, laquelle étant allumée me procure une clarté brillante d’une odeur agréable & ſaine pour la ſanté. Depuis mon ſéjour dans ces lieux, je ne me ſuis pas ennuyé un moment : mes livres ſont les merveilles & la connoiſſance de cette terre intérieure & quand je vivrois quatre âges d’homme, je trouverois encore tous les jours des choſes nouvelles. Chaque fois que je ſors, je rapporte quelque nouveau prodige ; comme toutes ces raretés ſont en trop-grand nombre pour en faire l’examen qu’elles méritent, je les raſſemble dans un cabinet vaſte & profond, que j’ai pratiqué dans ce rocher, où je vais me délaſſer de mes courſes, & où je fais ma joie & tous mes plaiſirs. Je ſouhaite que dans votre retraite, ô Princeſſe, vous trouviez les mêmes agrémens dont je me loue aujourd’hui. Oubliez un rang, qui dans le vrai n’eſt qu’une pure chimère, & qui ne produit que de faux plaiſirs, n’étant que trop certain, lorſqu’on en fait l’examen ſans préoccupation, qu’on ne peut être véritablement heureux, lorſque la félicité