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attention. Je les ſuivis des yeux, elles battirent des aîles, & l’air embaumé de cette eau me fit reſpirer une odeur agréable ; elles folâtrèrent pendant quelque tems ſur le ſable doré de cette petite rivière ; leurs plumes étoient incarnates mêlées de noir & leur tête de la même couleur ; elles avoient deux becs, & celui de deſſous étoit recourbé : leur marche reſſembloit aſſez à celle d’un canard : elles s’éloignèrent bientôt de moi les unes après les autres. Je me levai & je fus curieux d’apprendre ce qu’elles deviendroient ; elles ſe jettèrent dans un chemin creux, dont le caillou reſſembloit à de la nacre de perle ; au bout d’un quart de[1] karies elles entrèrent dans le tronc d’un arbre, dont à peine ſix hommes auroient pu embraſſer la circonférence. Le trou par où elles paſsèrent, étoit fort petit, & les obligea de ſe baiſſer. Dès que je vis ces poules renfermées dans cet arbre, je réſolus de tâcher d’en attraper une. Je m’approchai du trou, & je regardai dans l’intérieur ; il étoit entiérement creux & fort vaſte, & le jour qui l’éclairoit en différens endroits, me fit appercevoir un nombre infini de ces animaux, avec une multitude de petits de la même eſpèce. Le bruit qu’ils faiſoient, étoit aſſez ſemblable à

  1. Lieue de cinq mille pas.