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des environs du lieu, lui avoit fait imaginer tout ce qui pouvoit ſervir à la vie. Il conduiſit Hildaë dans cet aſile ; & l’ayant fait mettre ſur un lit compoſé d’une mouſſe de la dernière fineſſe, il me donna d’une eau, que je n’eus pas plutôt avalée, que je ceſſai mes cris ; enſuite il parla à ma mère en ces termes :

Voici l’aſile, ô grande princeſſe, que ma patience & ma philoſophie ſe ſont fait, & où je vis cent fois plus heureux, que dans le rang que vous m’avez vu occuper. Ici je ſuis roi : l’étude à laquelle je me ſuis attaché dès le commencement de ma vie, m’a donné la connoiſſance de la nature. Dès que je me ſuis vu proſcrit en ſûreté, le deſir de conſerver des jours qu’il ſembloit que le ciel protégeoit, m’a fait rechercher les alimens qui pouvoient les prolonger. Le peu de proviſions qu’on donne à ceux qu’on précipite, a ſuffi à peine pour me donner le tems d’en trouver d’autres. Mais peut-on périr, lorſqu’on eſt ſous la protection du ciel.

Le troiſième jour que je fus errant dans ces lieux, je m’arrêtai ſur les bords de ce ruiſſeau. Je vis ſortir de cette eau ſurprenante une eſpèce de poule, qui fut ſuivie de pluſieurs autres ; la ſingularité de leur figure & la nouveauté de la choſe fixèrent curieuſement mon