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infortunée ! La grandeur de mon amour attire-t-elle le comble de mes diſgraces Quoi ! je ſuis condamnée à perdre la vie ? Ah ! madame, s’écria le kirzif, que je ſuis malheureux d’occuper le rang où je ſuis placé ! Que ne m’eſt-il permis de deſcendre à votre place dans l’affreux[1] puits Houzail ! L’Houcaïs vous condamne à cet affreux ſupplice avec le prince votre fils. Il vous croit adultère, & il a juré par le grand Vilkhonhis qu’il ſacrifieroit dorénavant tous les blancs qui tomberont entre ſes mains, ſe flattant que dans le grand nombre de ceux qu’il fera périr, ſe trouvera peut-être celui qu’il ſuppoſe être l’auteur de ſa honte & de la naiſſance du prince. Ô ciel ! s’écria Hildaë (c’eſt le nom de ma mère), ô comble de déſeſpoir ! Tant d’innocence & de vertu doivent-elles ſe payer par tant d’ingratitude ?

Les plaintes furent inutiles. L’Houcaïs avoit affermi sa puiſſance à un tel point, & il étoit ſi abſolu, qu’il n’étoit comptable de ſes actions

  1. Le fameux puits Houzail eſt une bouche de la terre ſi profonde, qu’on n’en a jamais trouvé le fond. Il paroît que l’auteur a voulu badiner ſur la crédulité des peuples des environs de ce puits, qui prétendent tirer leur origine de Motacoa, & qui débitent les fictions qui ſuivent.