Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 20.djvu/73

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fait voir de la montagne[1] Collira, & ſa puiſſance étoit ſans limites. Ma mère étoit une[2] blanche qui lui avoit été amenée des climats lointains, & pour laquelle il prit une paſſion ſi violente, qu’il l’épouſa.

L’amour ſe trouva d’intelligence avec l’hymen : leur bonheur étoit parfait ; & s’il s’élevoit entr’eux quelques conteſtations, elles ne prenoient jamais leur ſource, que dans leur paſſion mutuelle, ſe diſputant l’un & l’autre à qui aimoit le mieux. Un jour que la reine vouloit l’emporter ſur ce ſujet, elle dit au roi : eh bien ! le fruit que je porte en décidera. Si le gage de notre amour réciproque eſt bleu, c’eſt une preuve indubitable que j’aime davantage ; & ſi l’enfant eſt de ma couleur, je conviendrai que votre tendreſſe eſt au-deſſus de la mienne. L’Houcaïs accepta ce moyen, & l’on attendit avec impatience le moment qui devoit décider de ce point important.

Je vins blanc au monde. Comment cela ſe peut-il, interrompis-je, vous êtes de la couleur des peuples de ce pays ? Vous en apprendrez la cauſe dans la ſuite, reprit Motacoa : ce n’eſt que par artifice que je ſuis bleu, & ce n’eſt que

  1. De glace.
  2. Les peuples de ce pays étoient bleus.