Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 20.djvu/69

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il reparut bientôt avec un poiſſon plus gros que celui qu’il avoit rapporté ; il continua le même manège pendant quelques heures, & lorſqu’il y en eut une quantité ſuffiſante dans le bateau, Motacoa ſe remit à la mer, & en moins de rien nous arrivâmes près des rochers dont j’ai parlé. À meſure que nous avancions, je diſtinguois que les environs étoient cultivés, & que ce devoit être une habitation. Nous y entrâmes par une petite baie, qui nous amena juſques ſur une grande place, remplie d’un nombre infini de peuple de la même couleur que Motacoa. Mais ce qui me ſurprit & m’embarraſſa, c’eſt que les femmes avoient le même teint, & que la femme de mon hôte ne leur reſſembloit en aucune façon.

À peine fûmes-nous à bord, que pluſieurs arrivèrent & touchèrent le genouil de Motacoa. Dès qu’ils apperçurent mon habillement qui différoit du leur, ils mirent les bras en bas, & proférèrent pluſieurs paroles. Bientôt après, tout le peuple accourut, & chacun me[1] montroit du coude, en criant[2] clao, clao. Un

  1. Dans ce pays on ne montroit du doigt que la divinité & le roi ; & l’on employoit le coude pour les choſes ordinaires.
  2. Voyez, voyez.