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lui voir prendre un vaſe, duquel elle ſortit une eſpèce d’éponge dont elle me frotta le viſage & les mains, qui devinrent après cette friction de la même couleur que celle de mon hôte.

Nous sortimes de la grotte par un chemin creux & pratiqué dans l’épaiſſeur du rocher, nous fîmes environ quatre cens pas dans l’obſcurité ; le chien marchoit devant & nous guidoit par ſa voix. Dès que nous fûmes hors du ſouterrein, nous montâmes un degré fait par la nature, qui nous conduiſit ſur une platte-forme, de laquelle on découvroit la mer. À main droite paroiſſoit un bois dont les arbres ſembloient toucher les nues, & à la gauche, les yeux étoient arrêtés par une chaîne de petits rochers, dont la cime étoit du blanc le plus éclatant : le terrein ſur lequel nous marchions, étoit doux & d’une ſi grande blancheur, que je me baiſſai pour le toucher, la croyant couvert de neige ; c’étoit une mouſſe extrêmement fine. Mon hôte ſourit de l’admiration que je témoignai, & me dit :[1] Piga, Piga : je répétai les mêmes mots dont il marqua de la ſurprise ; il mit enſuite la main ſur l’animal bleu, & le montrant de l’autre, il ajouta :[2] Falbao. Je n’eus pas plutôt pro-

  1. Neige, neige.
  2. Le nom du chien. Ce mot ſignifie terrible par ſa force.