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Qu’on juge de la joie que reſſentit Sémiramis à cette nouvelle ; elle la fit éclater par la deſtruction des catacombes, dans leſquelles elle fit entrer le Nil, & que les eaux eurent bientôt ſubmergées. Pour achever ſa vengeance, le temple fut abattu & détruit de fond en comble.

La reine ayant appris que l’une des femmes que l’on avoit arrêtée ſur le vaiſſeau, étoit épouſe de Lamékis, elle en fut furieuſe : elle s’étoit conſolée de la réſiſtance que le grand prêtre avoit apportée à ſes deſirs, par la foi qu’elle avoit, que né dans le culte des dieux, ſon cœur étoit à l’épreuve des traits de l’amour, & que le tenant dans ſa puiſſance, il eût pu dans la ſuite devenir ſenſible à ſes charmes. Cette connoiſſance, dis-je, redoublant ſa colère, réveilla ſa paſſion ; elle le fit appeller, & ſes yeux & l’amour travaillèrent à l’envi pour ſe l’attacher ; mais la conſtance de Lamékis réſiſtant à ſes nouveaux efforts, il uſa de toute ſa ſageſſe pour éteindre les feux de Sémiramis. Ses diſcours, dictés par la vertu, furent inutiles, ſa réſiſtance l’irrita, & ſa haine ayant repris le deſſus, elle fut prête vingt fois de venger ſa flamme outragée, en ſacrifiant le grand-prêtre & ſa femme à ſa fureur ; mais ſa rage ingénieuſe, peu ſatisfaite d’une mort qui