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dreſſé une embuſcade dans ce labyrinthe inconnu, qui hacha en pièces les troupes de la reine. Un ſeul ſoldat, commis à la garde de la machine par laquelle on deſcendoit, échappa ; il donna le ſignal, fut remonté & rapporta la fatale nouvelle en aſſurant que le nombre des conjurés étoit ſi grand, & les avantages de leurs repaires ſi conſidérables, qu’il ne fallloit pas eſpérer de les prendre par la force. On tint un conſeil pour ces nouvelles, & l’on trouva un expédient très-facile pour détruire cet eſſain de rébellion. Il fut arrêté qu’on écriroit au grand-prêtre de la part de la reine ; & qu’on l’avertiroit que ſi ſes miniſtres & le peuple ennemi ne mettoient pas bas les armes & ne recouroient à la miſéricorde, on avoit des moyens aſſurés pour les détruire, ſans qu’ils puſſent échapper au ſort affreux qu’on leur préparoit.

Lamékis crut que la menace dont on se ſervoit étoit pour l’intimider ; il répondit qu’il étoit prêt à périr, auſſi-bien que ſon peuple, plutôt que de rendre les armes, & qu’ils avoient tous réſolu de ſe défendre, juſqu’à ce qu’ils fuſſent vainqueurs ou vaincus. La reine connoiſſant leur obſtination, en conſéquence de l’expédient propoſé dans le conſeil, fit tirer du Nil un foſſé juſqu’à la voûte enfoncée ; &