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qui demandoit ſa tête avec empreſſement.

Sémiramis ne l’eut pas plutôt perdu de vue, qu’elle ſe repentit de ſa violence ; elle envoya porter un contre-ordre, mais il n’étoit plus tems ; le peuple s’en étoit emparé, & toute la puiſſance de la reine ne pouvoit l’arracher de ſes mains. Les plus furieux opinèrent à le mettre en pièces ſur le champ : chargé de fers, il attendoit avec une ſainte tranquillité la fin de ſa vie ; & ſa vertu lui donnoit une ſérénité, qui le mettoit au-deſſus des plus cruels évènemens. Il fut conclu dans le conſeil du peuple, qu’il ſeroit brûlé vif ; le bûcher fut dreſſé ; on l’attache au poteau, & déjà les flambeaux ſont prêts à y mettre le feu ; mais le juſte ciel, protecteur de l’innocence, ſe déclare. Un coup de tonnerre furieux ſe fait entendre ; le peuple s’en étonne, l’hémiſphère paroît embraſé, & les éclairs brillent de toutes parts ; il ſemble que l’univers va ſe confondre, & rentrer dans la nuit éternelle. Tout le monde s’écrie, que Sérapis vange l’outrage fait à ſon miniſtre : on court au bûcher ; Lamékis est délié, & conduit en triomphe dans le temple ; on fait un ſacrifice à la divinité ; le ciel s’appaiſe, & la tranquillité ſuccède à la fureur.

Cependant la reine qui avoit tremblé elle-même, & qui étoit plongée dans la douleur