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le tems d’en dire davantage ; les portes de la gallerie s’ouvrirent, les miniſtres du ſouterrein y parurent en foule, accompagnés du peuple. Le grand-prêtre dans cette extrêmité recourut au ſtratagême, il fit parler la divinité ; & s’avançant vers eux avec cette majeſté qui imprimoit toujours, il rompit pour la[1] première fois le ſilence, & il leur demanda avec hauteur d’où provenoit leur ſortie tumultueuſe & leur manque de reſpect. » Savez vous-bien, continua-t-il, en feignant un enthouſiaſme céleſte, que Sérapis eſt prête à vous écraſer ? Je vois les fondemens de ſon temple ébranlés. Ô peuple ! qu’avez-vous fait ? Ils vont s’écrouler, & vous punir de votre témérité. Ô ciel ! arrête : vos miniſtres ſe repentent, & ſe proſternent aux pieds de votre miſéricorde ». En prononçant ces mots d’un ton écumant, il avoit la main haute, & ſembloit retenir la voûte prête à tomber. Les miniſtres, dont la rebellion s’étoit manifeſtée d’abord, frémirent à ces mots ; ils ſe jettèrent à terre, & demandèrent grace avec un air humilié. » Qu’on ſe retire, s’écria Lamékis, je vais intercéder auprès du dieu, & calmer une colère que je vois à ſon dernier comble ». À peine eût-il

  1. La première des loix étoit Krouſtia ou Sitao, c’eſt à dire, ſilence perpétuel ou la mort.