Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 20.djvu/37

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le cortège enfila une grande rue, au bout de laquelle étoit une barrière gardée par vingt-cinq prêtres en habits courts ; ils étoient ceints d’un large baudrier, au bas duquel pendoit[1] une jambe de bœuf ; ils avoient à la main une eſpèce de fouet entrelaſſé de trois nerfs du même animal, & étoient plus uniformes pour la couleur de leur habillement, qui étoit d’une peau de bœuf noire à la houſſarde, avec de gros boutons de corne, fort bien travaillés : leurs tocques n’avoient qu’une corne ; mais elles étoient diſtinguées par une aigrette faite d’une oreille de vache, fort bien découpée & très-agréable à la vue. Dès que la pompe parut, ces miniſtres ſe trouvèrent ſous les armes, & pour faire honneur à la reine, mirent le pied de bœuf à la main. Le capitaine de cette troupe, diſtingué par une langue de bœuf prodigieuſe, qui lui ſervoit de hauſſe-col, & qui étoit la marque de ſa charge, s’approcha reſpectueuſement de Sémiramis, lui mit le doigt ſur ſa bouche & un cachet ſur ſon cœur. La reine baiſſa la tête par l’avis du grand-prêtre, ce qui étoit faire le ſerment

  1. Par le trente-cinquième article de la loi Boſoë, il eſt dit que les prêtres de Sérapis prépoſés à la garde du ſouterrein, porteroient au lieu d’armes un pied de bœuf.