Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 20.djvu/29

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tout autre qui y pénétreroit, de quelque façon qu’on puiſſe imaginer, ſeroit jetté dans le puits[1] d’Aſſoa. Moi, princeſſe, qui vous parle, je n’ai le droit d’y entrer que trois fois pendant le cours de mon miniſtère ; Sérapis & vous me préſervent de la troiſième ; car c’eſt pour y reſter éternellement. Ô reine ! il eſt inutile de feindre ; ſi vous ne vous rendez pas au ſage avis que mon zèle vous dicte, vous ne reverrez jamais la lumière du jour.

Sémiramis frémit à ce diſcours, qui fut prononcé avec une telle majeſté, qu’il ſembloit en ce moment que le dieu parloit par ſa bouche. Elle ſe mit à rêver quelques inſtans ; mais ſon cœur prévenu la mettant au-deſſus de toutes les frayeurs, ah ! s’écria-t-elle en ſoupirant, qu’importe que je périſſe, pourvu que ce ſoit avec ce que j’aime ! Oui, Lamékis, continua-t-elle, le voyant reculer de deux pas à cette déclaration, je vous aime ; j’y ſuis entraînée par une puiſſance invincible ; le diadême n’a pu préſerver mon cœur des foibleſſes de l’amour ; en vain j’ai combattu ma preſſante flamme ; rien ne ſera jamais capable de l’éteindre. Mon ſeul eſpoir eſt d’invoquer Apis dans le ſein de ſes myſtères ; là je trouverai

  1. Au fond duquel étoit le léopard ſacré.