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de Robinson Crusoé.

Il est vrai que je n’en ai su d’abord toutes les particularités que des espagnols, qui étoient, pour ainsi dire, leurs accusateurs, & dont le témoignage pouvoit être suspect ; cependant quand j’eus le loisir des les examiner sur tous les points de l’accusation, ils n’en osèrent nier un seul.

Mais avant que d’aller plus loin, il faut que je supplée ici à une négligence, dont j’ai été coupable dans ma première partie, en oubliant d’instruire le lecteur d’une particularité qui a une grande liaison avec ce qui va suivre. Voici ce que c’est.

Dans le moment que nous allions lever l’ancre pour quitter mon île, il arriva une petite querelle dans le vaisseau anglois, & il étoit fort à craindre que l’équipage n’en vînt à une seconde sédition.

La chose en seroit venue là peut-être, si le capitaine, s’animant de tout son courage, & assisté de moi & de ses autres amis, n’avoit pris par force deux des plus opiniâtres, & s’il ne les avoit fait mettre dans les fers, en les menaçant, comme des rebelles qui retomboient une seconde fois dans le même crime, & qui excitoient les autres par leurs discours séditieux, de les tenir en prison jusqu’à ce qu’il les fît pendre en Angleterre.

Quoique le capitaine n’eût pas cette intention,