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de Robinson Crusoé.

quelques momens après il lui en fit avaler trois ou quatre cuillerées, le pauvre garçon en eut mal au cœur, & les rendit immédiatement après.

Pour la pauvre servante elle étoit toute étendue auprès de sa maîtresse, comme si elle étoit tombée en apoplexie ; elle luttoit avec la mort. Tous ses membres étoient tors ; d’une de ses mains elle avoit saisi le pied d’une chaise, & le tenoit si ferme qu’on eut bien de la peine à lui faire lâcher prise : son autre bras étoit tout étendu au-dessus de sa tête, & ses deux pieds étoient appuyés avec force contre une table. En un mot, elle sembloit être à l’agonie ; mais elle n’étoit pas morte.

Cette pauvre fille n’étoit pas seulement affoiblie par la famine, & effrayée par le pensée d’une mort prochaine ; mais, comme nous apprîmes encore dans la suite par les gens du vaisseau, elle étoit extrêmement inquiette pour sa maîtresse, qu’elle voyoit mourante depuis quelques jours, & pour qui elle avoit tout l’attachement imaginable.

Nous ne savions comment faire avec cette malheureuse fille : car lorsque notre chirurgien, homme savant & expérimenté, lui eut rendu, pour ainsi dire, la vie ; il eut une seconde cure à faire par rapport à son cerveau, qui paroissoit pendant plusieurs jours absolument renversé.

Quiconque lira ce tragique accident, doit son-