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dans un paganisme tout aussi grossier que les sauvages de l’Amérique. Leurs bourgs & leurs maisons, sont pleines d’idoles, & leur manière de vivre est entièrement barbare, excepté dans les villes & dans les villages qui en sont proches, où l’on trouve des chrétiens qui se disent de l’église grecque, mais qui ont mêlé leur religion de tant de cérémonies superstitieuses qui leur restent de leur ancienne idolâtrie, qu’on prendroit leur culte plutôt pour un sortilège que pour un culte chrétien.

En traversant cette vaste solitude, après avoir banni toute idée de danger de mon esprit, comme je l’ai déjà insinué, je courus risque d’être massacré, avec toute ma suite, par une troupe de brigands ; je n’ai jamais pu savoir quelles-gens c’étoient, si c’étoit une bande d’une espèce deTartares appelés Ostiachi, ou si c’étoient des Monguls répandus au delà des bords de l’Oby, ou bien si c’étoit une troupe de chasseurs de la Sibérie, qui s’étoient assemblés pour prendre une autre proie que des sables & des renards. Ce que je sais parfaitement bien, c’est qu’ils étoient tous à cheval, qu’ils étoient armés d’arcs & de flèches, & que quand nous les rencontrâmes pour la première fois, ils croient à peu près au nombre de quarante-cinq. Ils approchèrent de nous jus-