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J’aurois été fort curieux de voir les animaux dont ils tirent ces peaux précieuses ; mais il me fut impossible de parvenir à mon but ; car ces messieurs n’osèrent pas approcher de nous, & c’auroit été une grande imprudence à moi de me séparer de la caravane pour les aller voir.

Au sortir de ce désert, nous entrâmes dans un pays assez bien peuplé, & rempli, pour ainsi-dire, de villes & de châteaux, où la Cour a établi des garnisons pour la sûreté des caravanes, & pour défendre le pays contre les courses des Tartares, qui, sans cela, rendroient les chemins fort dangereux. Sa majesté Czarienne & donné des ordres fort précis aux gouverneurs de ces places, de ne rien négliger pour mettre les marchands & les voyageurs hors d’insulte, & de leur donner des escortes d’une forteresse à l’autre, au moindre bruit qui se répandroit de quelque invasion des Tartares.

Conformément à ces ordres, le gouverneur d’Adinskoy, à qui j’eus l’honneur de rendre mes devoirs, avec le marchand Écossois qui le connoissoit, nous offrit une escorte de cinquante hommes jusqu’à la garnison prochaine, si nous croyions qu’il y eût le moindre danger dans la route.

Je m’étois imaginé pendant tout le voyage, ue plus nous approcherions de l’Europe, & plus