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de Robinson Crusoé.

près de moi, & son cheval qui s’arrêtoit tranquillement auprès du cadavre de son maître ; & plus loin j’apperçus mon libérateur, qui, après avoir examiné ce que le Chinois avoit fait avec le Tartare renversé sous son cheval, revenoit vers moi, ayant encore le sabre à la main.

Le bon vieillard me voyant sur pied, courut à moi, & m’embrassa avec des transports de joie ; il m’avoit cru mort ; mais voyant que j’étois seulement blessé, il voulut examiner la plaie, pour voir si elle n’étoit pas dangereuse. Ce n’étoit pas grand’chose heureusement, & je n’en ai jamais senti la moindre suite, après que le coup fût guéri, ce qui se fit en deux ou trois jours de tems.

Nous ne tirâmes pas un gros butin par cette victoire, nous y perdîmes un chameau en y gagnant un cheval ; mais ce qu’il y eut de remarquable, c’est que, quand nous fûmes revenus à la caravane, le Chinois qui m’avoit vendu le chameau, prétendit recevoir le paiement. Je n’en voulus rien faire, & il m’appela devant le juge du village, où la caravane s’étoit arrêtée. C’étoit comme un de nos juges de paix, & pour lui rendre justice, je dois avouer qu’il agit, avec nous, avec beaucoup de prudence & d’impartialité. Après nous avoir écoutés l’un & l’autre, il demanda gravement au Chinois, qui avoit amené