Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 2.djvu/426

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
420
Les aventures

renversé avoit à son côté un vilain instrument qui ressembloit assez à une hache d’armes, il s’en saisit, & lui en cassa la tête. Mon brave vieillard cependant avoit encore sur les bras un troisième Tartare, & voyant qu’il ne fuyoit pas, comme il avoit espéré, & qu’il ne l’attaquoit pas non plus, comme il avoit craint, mais qu’il se tenoit immobile à une certaine distance, il se servit de cet intervalle, pour recharger son pistolet. Dès que le brigand apperçut cet instrument, qu’il prit peut-être pour un second pistolet tout chargé, il crut qu’il ne faisoit pas bon là pour lui, s’enfuit au grand galop, & laissa à mon champion une victoire complette.

Dans ce tems-là, je commençai à revenir un peu à moi, & je me trouvai précisément dans l’état d’un homme qui sort d’un profond sommeil, sans pouvoir comprendre pourquoi j’étois à terre, ni qui m’y avoit mis : quelques momens après je sentis des douleurs, mais d’une manière peu distincte ; je portai la main à mon front, & je l’en tirai toute sanglante : ensuite j’eus une grande douleur de tête, & enfin ma mémoire se rétablit, & mon esprit fut dans le même état qu’auparavant.

Je me relevai d’abord avec précipitation, & je me saisis de mon épée, mais je ne trouvai plus d’ennemis : je ne vis qu’un Tartare mort