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de Robinson Crusoé.

œil de pitié & de mépris, nous continuâmes notre voyage : le seul père Simon s’arrêta-là encore quelques momens, curieux de vois de près les mets dont ce gentilhomme se bourroit la bedaine avec tant d’ostentation. Il nous rapporta qu’il y avoit goûté, & que c’étoient des ragoûts dont un dogue anglois voudroit à peine appaiser sa faim. C’étoit un plat de riz bouilli, dans lequel il y avoit une grosse gousse d’ail & un petit sachet rempli de poivre verd, & d’une autre plante qui ressemble à du gingembre, qui a l’odeur du musc & le goût de moutarde : tout cela étoit étuvé avec une petite pièce de mouton fort maigre. Voilà tout le dîner que cet animal offroit en spectacle aux passans, dans le tems qu’outre les quatre servantes, on voyoit encore à une certaine distance de la table, quatre ou cinq esclaves mâles, tout prêts à exécuter les ordres de son excellence. Si leur table étoit plus mauvaise que celle de leur maître, il est certain qu’ils n’étoient pas trop bien nourris.

Pour notre mandarin, il faut avouer qu’il y avoit plus de réalité dans la magnificence dont il faisoit parade. Il étoit respecté comme un roi, & toujours tellement entouré de ses gentilshommes & de ses officier, que je ne pus jamais le voir qu’à une certaine distance.

Il est vrai que dans tout son équipage il n’y