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de Robinson Crusoé.

excepté dans certains tems de l’année qu’il y avoit une foire, où les marchands Japonois venoient se pourvoir de denrées de la Chine.

Nous convînmes tous de faire cours vers ce port, dont peut-être j’orthographie mal le nom. Je l’avois écrit avec ceux de plusieurs autres endroits, dans un petit mémoire que l’eau a gâté malheureusement par un accident ; je me souviens fort bien que les Chinois & les Japonois donnoient à ce petit port un nom tout différent de celui que lui donnoit notre pilote Portugais, & qu’il le prononçoit Quinchang.

Le jour après que nous fûmes fixés à cette résolution, nous levâmes l’ancre, n’ayant été que deux fois à terre pour prendre de l’eau fraiche, & des provisions, comme racines, thé, riz, quelques oiseaux, &c. Les gens du pays nous en avoient apporté en abondance, pour notre argent, d’une manière fort civile & fort intègre.

Les vents étant contraires, nous voguâmes cinq jours entiers avant que de surgir à ce port ; nous y entrâmes avec toute la satisfaction imaginable. Pour moi, quand je me sentis sur terre, j’étois plein de joie & de reconnoisance envers le ciel, & je résolus, aussi-bien que mon associé, de ne jamais remettre le pied dans ce malheureux navire, s’il nous étoit possible de nous défaire