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Les aventures

Pour mettre fin au discours de notre pilote, qui étoit fort circonstancié, nous lui dîmes que nous n’étions pas seulement marchands, mais encore voyageurs ; & que notre but étoit d’aller voir la grande ville de Pekin, & la cour du fameux monarque de la Chine. Vous feriez donc fort bien, répondit-il, d’aller vers Ningpo, d’où par la rivière qui se jette là dans la mer, vous pouvez gagner en peu d’heures le grand canal. Ce canal qui est par-tout navigable, passe par le cœur de tout le vaste empire chinois, croise toutes les rivières, & traverse plusieurs collines par le moyen de portes & d’échelles, & s’avance jusqu’à Pekin, parcourant une étendue de deux cent soixante-douze lieues.

« Voilà qui est fort bien, seigneur Portugais, lui répondis-je ; mais ce n’est pas cela dont il s’agit : nous vous demandons seulement si vous pouvez nous conduire à Nanquin, d’où nous puissions ensuite aller facilement à la cour du roi de la Chine ». Il me dit qu’il le pourroit faire fort aisément, & que depuis peu un vaisseau hollandois avoit pris précisément la même route. Cette circonstance n’étoit guères propre à me plaire, & j’aurois autant aimé rencontrer le diable, pourvu qu’il ne fût pas venu dans une figure trop effrayante, que des vaisseaux hollandois qui, négociant dans ces pays, sont beau-