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de Robinson Crusoé.

Quand nous fîmes nos comptes, mon ami me regarda avec un sourire : Eh bien ! me dit-il, en insultant à mon indolence naturelle, ceci ne vaut-il pas mieux que d’aller courir de côté & d’autre, comme un fainéant, & d’ouvrir de grands yeux pour voir les extravagances des payens ? « Pour dire la vérité, mon ami, lui répondis-je, je commence à être un prosélite du commerce ; mais permettez-moi de vous dire, continuai-je, que si un jour je puis me rendre maître de mon indolence, tout vieux que je suis, je vous lasserai, à force de vous faire courir le monde avec moi ; vous n’aurez pas un moment de repos, je vous en réponds. »

Peu de tems après notre retour, un vaisseau Hollandois de deux cents tonneaux, à-peu-près, arriva à Bengale ; il étoit destiné à aller visiter les côtes, & non pas à passer & repasser d’Europe en Asie, & d’Asie en Europe. On nous débita que tout l’équipage étant devenu malade, & le capitaine n’ayant pas assez de gens pour tenir la mer, le navire avoit été forcé de relâcher à Bengale ; que le capitaine ayant gagné assez d’argent, avoit envie de retourner en Europe, & qu’il avoit fait connoître qu’il vouloit vendre son vaisseau.

J’eus le vent de cette affaire plutôt que mon