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de Robinson Crusoé.

Il y a tant de relations de voyages qui ont été faits de ce côté-là que ce seroit une chose fort ennuyeuse pour le lecteur, de trouver ici une description exacte des pays où nous relâchâmes, & des peuples qui les habitent. Il suffira de dire que nous allâmes d’abord à Achin, dans l’île de Sumatra, & de-là à Siam, où nous troquâmes quelques-unes de nos marchandises contre de l’opium & contre de l’arac ; sachant que la première de ces marchandises sur-tout est d’un grand prix dans la Chine, particulièrement dans ce tems-là, où ce royaume en manquoit. En un mot, dans cette première course, nous fûmes jusqu’à Juskan ; nous fîmes un très-bon voyage, où nous employâmes neuf mois, & nous retournâmes à Bengale, fort contens de ce coup d’essai.

J’ai observé que mes compatriotes sont fort surpris des fortunes prodigieuses que font dans ces pays-là les officiers que la compagnie y envoie, & qui y gagnent, en peu de tems, soixante, soixante-dix, & quelquefois jusqu’à cent mille livres sterling.

Mais la chose n’est pas surprenante pour ceux qui considèrent le grand nombre de ports où nous avons un libre commerce où les habitans cherchent, avec la plus grande ardeur, tout ce qui vient des pays étrangers, &, qui plus est,