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de Robinson Crusoé.

rien de solide à lui répliquer, sur-tout parce que, parmi ceux que nous venions de perdre, il n’y en avoit pas un seul qui eût trempé dans le massacre de Madagascar, je me servois toujours de cette expression, quelque choquante qu’elle fût pour tout l’équipage.

Les sermons fréquens que je leur faisois sur ce sujet, eurent de plus mauvaises conséquences, pour moi que je n’avois cru. Le bosseman, qui avoit été le chef de cette entreprise, m’étant venu joindre un jour, me dit d’un ton fort résolu, que j’avois grand tort de remettre toujours cette affaire sur le tapis, & de m’étendre en reproches mal fondés & injurieux ; que l’équipage en étoit fort mécontent ; & lui sur-tout, sur lequel j’avois le plus tiré ; qu’étant seulement un passager, sans aucun commandement dans le vaisseau, je ne devois pas m’imaginer que j’eusse le moindre droit de les insulter, comme je faisois continuellement. Que savons-nous, continua-t-il, si vous n’avez pas quelque dessein contre nous dans l’esprit, & si un jour, quand nous serons de retour en Angleterre, vous ne nous appelerez pas en justice pour cette action ? Je vous prie, monsieur, plus de discours sur cette matière ; si vous vous mêlez encore de ce qui ne vous regarde point, je quitte le