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de Robinson Crusoé.

barbare, lui dis-je ; je te défends, sous peine de la vie, de toucher davantage à un seul de ces pauvres gens ; si tu ne t’arrêtes, tu es mort dans le moment.

Comment donc ! monsieur, répondit-il, savez-vous ce qu’ils ont fait ? Si vous voulez voir la raison de notre conduite, vous n’avez qu’à approcher. Là-dessus il nous montra le malheureux Jeffery égorgé & pendu à un arbre.

J’avoue que ce spectacle étoit capable de me porter à approuver leur vengeance, s’ils ne l’avoient pas poussée si loin, & je me remis dans l’esprit ces paroles que Jacob adressa autrefois à ses fils Siméon & Lévi : maudite soit leur colère, car elle a été féroce ; & leur vengeance, car elle a été cruelle.

Le triste objet que nous venions de voir me donna dans le moment de nouvelles affaires ; car mon neveu & ceux qui me suivoient, en conçurent une rage aussi difficile à modérer que celle du bosseman & de ses camarades. Mon neveu me dit qu’ils craignoit seulement que ses gens ne fussent pas les plus forts, & qu’au reste il croyoit qu’il ne falloit pas faire quartier à un seul de ces Indiens, qui tous avoient trempé dans un si abominable meurtre, & qui avoient mérité la mort, comme des assassins. Sur ce discours, huit des derniers venus