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Les aventures

dessus, que je l’étois moi-même. Cette horrible entreprise m’effraya tellement que je résolus à la fin de retourner vers mes gens, de pénétrer dans la ville au travers des flammes, & de mettre fin à cette boucherie, à quelque pris que ce fût.

Dans le tems que je communiquois ma résolution à mes gens, que je leur ordonnois de me suivre, nous vîmes quatre de nos Anglois, avec le bosseman à leur tête, courir comme des furieux par-dessus les corps de ceux qu’ils avoient tués. Ils étoient tout couverts de sang & de poussière ; nous leur criâmes de toutes nos forces de venir à nous ; ce qu’ils firent dans le moment.

Dès que le bosseman nous apperçut, il poussa un cri de triomphe, charmé de voir arriver du secours. Ah ! mon brave capitaine, s’écria-t-il, je suis ravi de vous voir ; nous n’avons pas encore à moitié fait avec ces diables, avec ces chiens d’enfer ; j’en tuerai autant que le pauvre Jeffery avoit de cheveux à la tête ; nous avons juré de n’en épargner pas un seul ; nous voulons exterminer toute cette abominable nation. Là-dessus il se remit à courir tout échauffé & tout hors d’haleine, sans nous donner le tems de lui dire un mot.

Enfin, criant de toutes mes forces ; arrête,