Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 2.djvu/287

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
281
de Robinson Crusoé.

nous laissâmes tomber l’ancre dans la baye de Tous-les-Saints, l’endroit d’où étoit venue toute ma bonne & ma mauvaise fortune.

Jamais il n’y étoit venu de vaisseau qui y eût moins d’affaires, & cependant nous n’obtîmes qu’avec beaucoup de peine d’avoir la moindre correspondance avec les habitans du pays ; ni mon associé, qui faisoit dans ce pays une très-belle figure, ni mes deux facteurs, ni le bruit de la manière miraculeuse dont j’avois été tiré de mon désert, ne me purent obtenir cette faveur. Mon associé, à la fin, se souvenant que j’avois donné autrefois cinq-cents moldores au prieur du monastère des Augustins, & deux cents aux pauvres, obligea ce religieux d’aller parler au gouverneur, & de lui demander la permission d’aller à terre, pour moi, le capitaine, & huit autres hommes. On nous l’accorda, mais à condition que nous ne débarquerions aucune denrée, & que nous n’emmenerions personne de-là, sans une permission expresse.

Ils nous firent observer ces conditions avec tant de sévérité, que j’eus toutes les peines du monde à faire venir à terre trois balles de draps fins, d’étoffes & de toiles que j’avois apportés exprès pour en faire présent à mon associé.

C’étoit un homme très-généreux, & qui