Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 2.djvu/271

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
265
de Robinson Crusoé.

douleur d’estomach, & je voulus dormir de nouveau : mais il me fut impossible de fermer les yeux, étant fort foible & ayant de grands maux de cœur ; ce qui continua pendant le second jour avec beaucoup de variété ; tantôt j’avois faim, & tantôt j’avois mal au cœur, avec des nausées, comme une personne qui a pris un vomitif. Je me remis sur le lit vers le soir, ayant pris un verre d’eau pour toute nourriture ; m’étant endormie, je rêvois que j’étois dans les Barbades, que j’y trouvois le marché rempli de toutes sortes de vivres, que j’en achetois copieusement, & que je dînois avec ma maîtresse avec un très-grand appétit. À la fin de ce rêve, je crus mon estomach aussi rempli que si j’avois dîné réellement ; mais quand je fus réveillée, je me trouvai dans une extrême inanition, & comme sur le point de rendre l’ame. Je pris alors notre dernier verre de vin, j’y mis du sucre, parce qu’ils y a quelque chose de nourrissant ; mais n’ayant rien dans mon estomach sur quoi le vin pût opérer, tout l’effet que j’en tirois consistoit dans quelques fumées désagréables, qu’il m’envoyoit au cerveau ; & l’on m’a dit qu’après avoir vidé ce verre, j’avois été pendant long-tems comme une personne qui ne sent rien, par un excès d’ivresse.

Le troisieme jour, après avoir passé toute la nuit dans des songes sans liaison, en sommeil-