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Les aventures

que ma bonne veuve n’avoit eu autrefois pour moi, en m’envoyant trois bibles & un livre de communes prières, avec la cargaison de cent livres sterling, qu’elle eut le soin de me faire tenir dans le Brésil.

La charité de cette pauvre femme eut un effet plus étendu qu’elle n’avoit prévu ; car ces bibles servirent alors d’instruction & de consolation à des gens qui en faisoient un meilleur usage que je n’en avoit fait alors moi-même.

J’avois une des ces bibles dans ma poche, en arrivant à la maison d’Atkins, où je remarquai que les deux femmes venoient de parler ensemble, sur des matières de religion. Ah ! monsieur, dit Atkins dès qu’il me vit, quand dieu veut se réconcilier avec des pécheurs, il en sait bien trouver les moyens. Voilà ma femme qui a trouvé un prédicateur nouveau ; je sais que j’étois aussi indigne qu’incapable de mettre la main à un pareil ouvrage ; & voilà cette jeune femme qui paroît nous être envoyée du ciel. Elle est en état de convertir toute une île pleine de sauvages.

La jeune femme rougit à ces mots, & se leva pour s’en aller ; mais en la priant de demeurer, je lui dis qu’elle avoit entrepris un dessein excellent, & que je souhaitois de tout mon cœur que le ciel voulût bénir ses soins.

Nous continuâmes sur ce sujet, pendant quel-