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Les aventures

C’est ce discours qui sur-tout avoit touché le cœur d’Atkins. Il s’étoit mis à genoux avec sa femme pour prier Dieu tout haut de l’illuminer de son saint esprit ; & de faire en sorte par sa providence, qu’il pût trouver une bible, afin de la lire avec sa femme, & de la faire parvenir par-là à la connoissance de la véritable religion.

Parmi les autres discours qu’ils tinrent ensuite de cette prière, sa femme lui fit promettre, puisque, de son propre aveu, toute sa vie n’avoit été qu’une suite de péchés propres à provoquer la colère de Dieu, de la réformer, & de ne plus irriter Dieu de peur qu’il ne fût ôté du monde, & qu’elle ne perdît par-là le moyen de connoître mieux la Divinité ; enfin de peur qu’il ne fût éternellement misérable lui-même, comme il lui avoit dit que les méchans seroient après leur mort.

Ce récit nous toucha beaucoup l’un & l’autre, mais sur-tout le jeune religieux. D’un côté il étoit extasié de joie ; mais de l’autre, il étoit cruellement mortifié de n’entendre pas l’anglois, pour pouvoir parler lui-même à cette femme qui avoit de si excellentes dispositions. Revenu de ses réflexions, il se tourna vers moi en me disant qu’il y avoit plus à faire avec cette femme que de la marier. Je ne le compris pas d’abord ; mais il s’expliqua, en me disant qu’il croyoit qu’il falloit la baptiser.