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de Robinson Crusoé.

l’entendoit aussi lui-même, & que par conséquent ce vieillard pouvoit lui servir d’interprète.

Il fut fort satisfait de cette ouverture ; & rien n’étoit désormais capable de le détourner de ce dessein ; mais la Providence donna un autre tour à cette affaire, & la fit réussir par un autre moyen.

Quand nous fûmes venus à l’habitation des Anglois, je les fis tous assembler, & après leur avoir mis devant les yeux tout ce que j’avois fait pour leur rendre la vie agréable, dont ils témoignèrent une grande reconnoissance, je commençai à leur parler de la vie scandaleuse qu’ils menoient ; je leur dis qu’un ecclésiastique de mes amis y avoit déjà fait réflexion, & qu’il traitoit leur conduite de criminelle & d’impie. Je leur demandai ensuite, si en contractant ces infâmes liaisons, ils étoient déjà mariés, ou non ? Ils me répondirent que deux d’entr’eux étoient veufs, & que les trois autres étoient encore garçons. Je continuai à leur demander, s’ils avoient pu en conscience avoir un commerce avec ces femmes, les appeller leurs épouses, & procréer des enfans d’elles, sans être mariés légitimement ?

Ils me répondirent, comme je m’y étois bien attendu, qu’il n’y avoit eu personne pour les marier ; mais qu’ils s’étoient engagés devant le gouverneur, à les prendre en qualité d’épouses