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de Robinson Crusoé.

qu’ils n’en ont pris pour donner à leurs prisonniers la connoissance de dieu. Quoique nous ne soyons pas de la même religion, monsieur, poursuivit-il, cependant en qualité de chrétien, nous devont être ravis de voir les esclaves du démon instruits des principes généraux du christianisme, de les voir admettre un dieu, un rédempteur, une résurrection, & une vie à venir ; dogme où nous souscrivons tous. Ils seroient du moins alors plus près de la véritable église, qu’à présent, qu’ils font une profession ouverte de l’idolâtrie & du culte du diable.

Ne pouvant plus résister à la tendresse que la vertu éclairée de cet honnête homme m’inspiroit pour lui, je le serrai entre mes bras avec passion. « Combien n’ai-je pas été éloigné, lui dis-je, de bien connoître ce qu’il y a de plus essentiel dans les vertus chrétiennes, qui consistent à aimer l’église de Jésus-Christ, & le salut du prochain ! En vérité j’ai ignoré jusqu’ici le caractère d’un vrai chrétien ». Ne parlez pas ainsi, mon cher monsieur, me répondit-il, vous n’êtes point coupable de toutes ces négligences. « Il est vrai, répliquai-je, mais je n’ai pas pris ces sortes de choses à cœur, comme vous ». Il est tems encore de remédier à tous ces inconvéniens, répartit-il ; ne soyez pas si prompt à vous condamner vous-même. « Mais que ferai-je, lui