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de Robinson Crusoé.

pour abandonner leurs femmes & leurs enfans, pour les laisser dans la misère, & pour en épouser d’autres. Peut-on dire, monsieur, continua-t-il, avec une grande chaleur, que la gloire de dieu ne souffre pas d’une liberté si peu légitime ? Croyez-vous, que tant que cette licence subsistera, la bénédiction du ciel accompagnera vos efforts, quelque bons qu’ils puissent être en eux-mêmes, & entièrement soumis à votre volonté, vivent par votre permission dans une fornication ouverte ?

J’avoue que je fus frappé de la chose, dès que les argumens de mon religieux m’eurent ouvert les yeux sur son énormité ; je compris d’abord qu’il auroit été aisé de la prévenir, malgré l’absence de toute personne ecclésiastique. Il ne s’agissoit que de faire de vive voix, un contrat, devant des témoins, de le confirmer par quelque signe, dont on auroit pu convenir unanimement, & d’engager & les hommes & les femmes à ne s’abandonner jamais, & à veiller conjointement sur leurs enfans communs : & aux yeux de dieu, ç’auroit été sans doute un mariage légitime ; par conséquent il y avoit eu une négligence impardonnable, à ne pas songer à un expédient si facile.

Je crus fermer la bouche à mon prêtre, en