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de Robinson Crusoé.

dans ces entrefaites, il ne pussent pas découvrir ceux-ci. Il résolurent encore de les harasser continuellement, d’en tuer autant qu’ils pourroient pour en diminuer le nombre, & s’ils puvoient réussir à semer, & de les faire vivre de leur propre travail.

Conformément à ces résolutions, ils les poursuivirent avec tant de chaleur, & les effrayèrent tellement par leurs armes à feu, dont le seul bruit faisoit tomber les indiens à terre, qu’ils s’éloignoient de plus en plus ; leur nombre diminuoit de jour en jour, & enfin ils furent réduits à se cacher dans les bois & dans les cavernes, où plusieurs périrent misérablement de faim, comme il parut dans la suite, par leurs cadavres qu’on trouva.

La misère de ses pauvres gens remplit les nôtres d’une généreuse compassion, surtout le gouverneur espagnol, qui étoit l’homme du monde qui avoit le cœur le mieux placé & le plus digne d’un homme de naissance. Il proposa aux autres de tâcher de prendre un des sauvages pour lui faire entendre l’intention de la colonie, & pour l’envoyer parmi les siens, afin de les faire venir à une capitulation qui assurât les sauvages de la vie, & la colonie, du repos qu’ils avaient perdu depuis la dernière invasion.