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de Robinson Crusoé.

côté de la mer, les empêchoit de quitter le rivage. La tempête continua pendant toute la nuit, & quand la marée monta, leurs canots furent poussés si avant sur le rivage, qu’il auroit fallu une peine infinie pour les remettre à flot, & quelques-uns en heurtant contre le sable, ou les uns contre les autres, avoient été mis en pièces.

Nos gens, quoique charmés de leur victoire, eurent peu de repos tout le reste de la nuit ; mais s’étant rafraîchis du mieux qu’il leur étoit possible, ils prirent le parti de marcher vers cette partie de l’île où les sauvages s’étoient retirés. Ce dessein les força de passer au travers du champ de bataille, où ils virent plusieurs de leurs malheureux ennemis encore en vie, mais hors d’espérance d’en revenir : spectacle désagréable pour des cœurs bien placés ; car une ame véritablement grande, quoique forcée par les loix naturelles à détruire ses ennemis, est fort éloignée de se réjouir de leurs malheurs.

Il ne leur fut pas nécessaire de s’inquiéter à l’égard de ces pauvres sauvages, car leurs esclaves eurent soin d’en finir les misères à grands coups de haches.

Ils parvinrent enfin à un endroit où ils virent les restes de l’armée des sauvages qui consistoit encore dans une centaine d’hommes. Ils étoient