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de Robinson Crusoé.

de l’ouest, puis tournant du côté du sud, il les mena si près du lieu où étoit le plus grand nombre des sauvages, qu’avant d’avoir été vus, ou entendus, huit d’entre eux firent une décharge sur les ennemis avec un succès terrible. Une demi-minute après, huit autres les saluèrent de la même manière, & répandirent parmi eux une si grande quantité de grosse dragée, qu’il y en eut un grand nombre de tués & de blessés ; &, pendant tout ce tems-là, il ne leur fut pas possible de découvrir d’où venoit ce carnage, & de quel côté ils devoient fuir.

Les nôtres ayant chargé leurs armes de nouveau, avec toute la promptitude possible, se partagèrent en trois troupes, résolus de tomber sur les ennemis tous à la fois. Dans chaque petite troupe il y avoit huit personnes, car ils étoient en tout vingt-quatre, si l’on compte les deux femmes qui, pour le dire en passant, combattirent avec toute la fureur imaginable.

Ils partagèrent les armes à feu également à toutes les troupes, comme aussi les hallebardes & les bâtons à deux bouts. Ils vouloient laisser les femmes derrière ; mais elles dirent qu’elles étoient résolues de mourir avec leurs maris. S’étant mis ainsi en bataille, ils sortirent du bois en poussant un cri de toutes leurs forces. Les sauvages tinrent tous ferme ; mais ils étoient