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de Robinson Crusoé.

tance. Ce qui leur plaisoit fort pourtant, c’étoit de les voir traverser une vallée du côté de la mer, par un chemin qui étoit tout-à-fait à l’opposite de la cachette pour laquelle ils craignoient si fort. Satisfaits de cette découverte, ils s’en retournèrent vers l’arbre où ils avoient laissé leur prisonnier ; mais ils ne l’y trouvèrent point. Les cordes dont il avoit été lié, étoient à terre au pied du même arbre, & ils crurent qu’il avoit été trouvé & délié par les autres sauvages.

Ils étoient alors dans un aussi grand embarras qu’auparavant, ne sachant quelle route prendre ni où étoit l’ennemi, ni en quel nombre. Là-dessus ils prirent le parti de s’en aller vers la cave, pour voir si tout y étoit en bon état, & pour calmer la frayeur de leurs femmes qui, quoique sauvages elles-mêmes, craignoient mortellement leurs compatriotes, parce qu’elles connoissoient parfaitement leur naturel.

Y étant arrivés, ils virent que les Indiens avoient été dans le bois, & fort près de l’endroit en question, mais qu’ils ne l’avoient pas déterré. Il ne faut pas s’en étonner ; les arbres y étoient si touffus & si serrés, qu’il n’étoit pas possible d’y pénétrer sans un guide qui connût les chemins ; &, comme nous l’avons vu, celui qui conduisoit les Indiens étoit là-dessus aussi ignorant qu’eux.