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de Robinson Crusoé.

arrive dans le monde, avec la justice divine. Dans l’occasion dont il s’agit ici, la chose parut évidemment ; leur criminelle mutinerie les engagea dans leurs autres forfaits ; & les réduisit dans le triste état où ils se trouvèrent dans la suite. Au lieu d’avoir quelques remords du premier crime, ils y en ajoûtèrent d’autres, comme, par exemple, la monstrueuse cruauté de blesser un pauvre esclave, qui peut-être n’avoit pas fait ce qu’on lui avoit ordonné, parce que la chose lui étoit impossible, & de le blesser de manière à l’estropier pour toute sa vie. Je ne parle pas de l’intention de le tuer, dont il est difficile de douter quand on considère leurs affreux projet de tuer de sang-froid tous les Espagnols, pendant qu’ils seroient endormis.

Pour reprendre le fil de mon histoire, ces trois compagnons en scélératesse vinrent un matin à mon château, en demandant, avec beaucoup d’humilité, qu’ils leur fût permis de parler aux Espagnols. Ceux-ci le voulant bien, les trois Anglois leur dirent qu’ils étoient fatigués de leur manière de vivre, qu’ils n’étoient pas assez adroits pour faire les choses qui leur étoient nécessaires, & que n’ayant aucun secours, pour en venir à bout, ils mourroient de faim indubitablement ; que si les Espagnols leur vouloient permettre de