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de Robinson Crusoé.

fureur de leurs ennemis, dans la caverne qui étoit devant leur habitation, & qu’ainsi ils ne découvrissent involontairement que le lieu étoit habité. Ils craignoient bien plus encore que les victorieux ne les y suivissent, & là-dessus ils résolurent de se tenir avec leur armes au-dedans du retranchement, de faire une sortie sur tous ceux qui voudroient entrer dans la caverne, dans l’intention de les tuer tous, & de les empêcher de donner des nouvelles de leurs découvertes. Leur dessein étoit de ne se servir pour cet effet que de leurs sabres, ou des crosses de leurs fusils, de peur de faire du bruit & d’en attirer par-là un plus grand nombre.

La chose arriva précisément comme ils s’y étoient attendus ; trois d’entre les vaincus s’enfuyant de toutes leurs forces, & traversant la baie, vinrent directement vers cet endroit, ne songeant à autre chose qu’à chercher un sayle dans ce qui leur paroissoit un bois épais. La sentinelle de mes gens vint aussi-tôt les avertir, en ajoûtant, à leur grande satisfaction, que les vainqueurs ne les poursuivoient pas, & sembloient ignorer de quel côté ils s’étoient sauvés, sur-quoi le gouverneur Espagnol, trop humain pour souffrir qu’on massacrât ces pauvres fugitifs, ordonna à trois de nos gens de passer par-dessus la colline, de se glisser derrière eux, de les