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de Robinson Crusoé.

elle que deux partis à prendre, ou de se cacher soigneusement & de prendre toutes les mesures possibles pour laisser ignorer à ces cannibales que l’île étoit habitée, ou de tomber sur eux avec tant de vigueur qu’il n’en échappât pas un seul : ce qui ne se pouvoit faire qu’en coupant le chemin à leurs barques. Malheureusement mes gens n’eurent pas cette présence d’esprit ; ce qui troubla leur tranquillité pendant un tems considérables.

On croira facilement que leur gouverneur & les deux hommes, surpris de ce qu’il voyoient, s’en retournèrent dans le moment pour éveiller leurs camarades, & pour les instruire du danger qui les menaçoit. Ils prirent d’abord l’allarme ; mais il fut impossible de leur persuader de se tenir clos & couverts. Ils sortirent d’abord pour voir de leurs propres yeux ce dont il s’agissoit.

Le mal n’étoit pas grand tant qu’il faisoit obscur, & ils eurent tout le loisir pendant quelques heures de considérer les sauvages, par le moyen de la lumière répandue de trois feux qu’ils avoient faits sur le rivage à quelque distance l’un de l’autre. Ils ne pouvoient pas comprendre quel étoit le dessein de ces gens, & ils ne savoient à quoi se résoudre eux-mêmes. Les ennemis étoient en grand nombre ; & ce qu’il y avoit de plus chagrinant, c’est que, bien loin d’être ensemble,