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Voyages

d’impur dans leur première habitation, arrivent tout entiers dans la sphère du jour & y sont reçus comme citoyens, parce qu’on ne doit pas douter que la matière qui les a composés lors de leur génération, a dû se mêler si exactement, que rien ne l’a pu séparer ; semblable à celle qui forme les astres dont toutes les parties sont pour ainsi dire brouillées par une infinité d’enchaînemens que les plus forts dissolvans ne sauroient jamais relâcher.

Dans le tourbillon de ce monde les hommes ne finissent que de mort naturelle, c’est-à-dire, qu’ils ne sont sujets à aucune maladie, & vivent ordinairement huit à neuf mille ans ; mais lorsque par les continuels excès de travail & d’étude où leur tempéramment de feu les incline, l’ordre de la matière se brouille, & la nature qui sent qu’il faudroit plus de tems pour réparer les ruines de son être, que pour en composer un nouveau, aspire elle-même à se dissoudre ; de sorte qu’on voit de jour en jour tomber la personne en particules semblables à de la cendre rouge : cette mort est celle des gens d’un esprit médiocre, car pour les philosophes, ils prétendent qu’ils ne meurent point & qu’ils ne font que changer de forme pour aller revivre ailleurs, ce qui, loin d’être un mal, ne sert au contraire qu’à perfectionner leur raison, leurs talens & leur jugement, qui les conduit à un nombre infini de nouvelles connoissances. Ce-