Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 18.djvu/89

Cette page a été validée par deux contributeurs.
84
Voyages

CHAPITRE VIII.

Suite d’Observations.


Suetone, s’avançant vers le génie, se plaignit amèrement d’avoir été confondu sur la terre avec une foule d’historiens qu’on accusoit d’être menteurs, c’est-à-dire, de ces partisans flatteurs ou aveugles qui disent la vérité par caprice, & la médisance & le mensonge par inclination. Il est vrai, ajouta Suetone, qu’un pauvre historien se trouve souvent fort embarrassé par la contrainte où il est de flatter le souverain, sur-tout lorsqu’il est chargé d’écrire les évènemens qui se sont passés sous son règne. Cependant il est de l’intérêt de la nation qu’on permette à un savant de dire la vérité sans flatterie & sans crainte, afin que la postérité puisse, en lisant l’histoire de ses ancêtres, apprendre à imiter les bons exemples, à s’éloigner & à avoir même de l’horreur pour la conduite des méchans. Il est certain qu’un homme qui entreprend de décrire l’histoire, doit commencer par se dépouiller des sentimens naturels de l’amour ou de la haine ; il ne doit envisager ni patrie, ni parens, ni amis, puisqu’il devient juge & souverain des évènemens