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Voyages

ticulier de chaque citoyen. L’administration de la justice, cette émanation précieuse de la divinité, doit principalement poser sur des formes qui lui soient propres : nulle personne ne doit se permettre de les violer, sans attaquer le nerf & le soutien de l’état : la justice n’auroit plus rien que d’arbitraire, elle ne seroit plus qu’un vain nom, aussi peu redoutable au crime qu’inutile à l’innocence. Ainsi les loix, si nécessaires à l’économie publique, le sont également à toutes les branches de la société ; elles évitent bien des maux & procurent une infinité de biens. Si la loi n’est que la volonté de celui qui gouverne ; on ne peut la connoître avec certitude ; de-là un grand nombre de sujets se croient autorisés à violer cette règle de droit, écrite par la main du tout-puissant sur les vivantes tablettes du cœur ; dans l’espérance de n’être pas exposés au châtiment ; & ceux qui la suivent ne sauroient jouir du témoignage intérieur de cette sécurité qu’on doit trouver dans la protection de la loi connue, lorsqu’on ne l’a jamais violée.

Or si l’offense ou le crime ne sont pas fixés, ni le châtiment prescrit, c’est un motif de moins pour la probité, auquel on doit nécessairement suppléer, autant pour ceux qui peuvent être tentés de commettre le crime, que pour ceux qui pourraient en souffrir ; d’ailleurs si un souverain veut se dispenser