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de Milord Céton.

plus tendre jeunesse il étudia toutes les sciences avec une application infatigable ; il se remplit l’esprit de toutes les connoissances qui pouvoient l’orner & l’embellir, mais il ne commença de parler en public qu’à l’âge de vingt-sept ans ; ce fut pour une cause qui attira sur lui les yeux de toute la République.

Les plus prudens orateurs, craignant d’offenser Silla, avoient abandonné l’affaire de Roscius, accusé de parricide ; Ciceron seul eut la hardiesse d’entreprendre sa défense contre le favori du dictateur. Le succès qu’eut cette action sur le premier degré de sa gloire ; mais cet avantage fit trop d’éclat pour ne pas donner de la jalousie à Silla, & inspirer de l’animosité à Chrisogonus ; cet affranchi qui s’étoit rendu maître de celui qui l’étoit de toute la République, suscita à Ciceron, par ses mauvais offices, une persécution qui dura jusqu’à la mort de ce dictateur, de sorte que Ciceron fut obligé de sortir de Rome pour éviter l’orage prêt à tomber sur sa tête, en prenant néanmoins la précaution de faire courir le bruit qu’il n’en sortoit que par l’avis de son médecin, qui lui avoit conseillé, pour conserver sa santé, d’interrompre pendant quelque tems ses étude. Ciceron prit ce prétexte afin de ne pas diminuer la gloire de son action par une apparence de crainte ou de légèreté qui auroit pu être blâmée