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Voyages

point d’autre expression que lui-même. Le progrès de l’amitié est naturel, il a sa raison dans la situation des amis, & dans leur caractère : à mesure qu’on avance en âge, tous les sentimens se concentrent, on perd tous les jours quelque chose de ce qui nous fut cher sans pouvoir le remplacer ; on meurt ainsi par degrés jusqu’à ce que n’aimant enfin que soi-même, on ait cessé de sentir & de vivre sans cesser d’exister ; mais un cœur sensible emploie toutes ses forces contre cette mort anticipée : lorsque le froid gagne les extrémités, il rassemble autour de lui toute sa chaleur naturelle ; plus il perd, plus il s’attache à ce qui lui reste, & il tient au dernier objet par les liens de tous les autres.

Après ce discours, le génie nous fit encore admirer dans les ouvrages de Ciceron son traité des Offices, celui des Loix, celui de la Vieillesse, ses Philippiques, & d’autres où ce prince de l’éloquence parle avec éloge du système des Platoniciens, de ceux des Peripatéticiens & des Stoïciens ; mais il montre beaucoup de mépris pour les autres sectes, qu’il attaque avec force & véhémence. Zachiel nous assura que l’éloquence de ce grand homme s’étoit acquis sur le cœur de ses concitoyens des droits d’autant plus certains, qu’ennemi de toute tyrannie & de toute contrainte, il n’employa jamais pour les gagner que la seule persuasion. Dès sa