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de Milord Céton.

térêt : on peut croire qu’un ami se trompe, mais non qu’il veuille nous tromper ; si quelquefois on résiste à ses conseils, jamais on ne les méprise.

Si l’on n’a besoin que de soi pour réprimer ses penchans, souvent un ami est nécessaire pour nous aider à discerner ceux qu’il est permis de suivre. L’amitié d’un homme sage regarde sous un autre point de vue les objets que nous avons intérêt de bien connoître. L’amitié est un sentiment vif & céleste, qui donne de la chaleur aux raisonnemens d’un ami ; les épanchemens de l’amitié se retiennent devant un témoin, quel qu’il soit ; on veut être recueilli pour ainsi dire l’un dans l’autre ; les moindres distractions sont désolantes, la moindre contrainte est insupportable ; lorsque le cœur porte un mot à la bouche, il est si doux de pouvoir le prononcer sans gêne, il semble que la présence d’un seul étranger retienne le sentiment, & comprime des ames qui s’entendroient si bien sans lui. Le charme de la société qui règne entre de vrais amis, consiste dans cette ouverture de cœur qui met en commun toutes les pensées, & qui fait que chacun se sentant tel qu’il doit être, se montre aussi tel qu’il est.

Un vulgaire attachement peut se passer de retour, mais jamais l’amitié ; elle peut être un échange ou un contrat comme les autres, mais elle est le plus saint de tous. Le mot d’ami n’a