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Voyages

attribuer à un tempéramment bien composé, dans lequel se trouve un assemblage de fibres extrêmement déliées, joint à une grande abondance d’esprits animaux très-subtils ; ces esprits doivent avoir un mouvement fort rapide, afin de mettre l’ame en état d’opérer avec beaucoup plus de vivacité ; ce ne peut être que par ce moyen que l’imagination parcourt aisément toute la nature, qu’elle contemple une infinité d’objets, & qu’en observant la ressemblance ou la différence de leurs qualités, elle assortit & réunit les idées qui lui conviennent mieux ; de-là naissent ces pensées frappantes, ces belles allusions, ces métaphores hardies, & ces sentimens qui excitent l’admiration en faisant paroître les pensées les plus communes sous une nouvelle forme qui ne manque jamais d’exciter en nous une sorte de plaisir qui se fait sentir à tout notre être.

Nous passâmes dans, le cabinet de Ciceron, le génie nous fit examiner plusieurs de ses ouvrages ; entr’autres, son traité de l’Amitié, sur lequel le génie nous fit faire ces réflexions : les ames humaines, nous dit-il, ont besoin d’être accouplées pour valoir tout leur prix, & la force unie des amis est incomparablement plus grande que la somme de leurs forces particulières. Rien n’a tant de poids sur le cœur humain que la voix de l’amitié reconnue, qui ne nous parle jamais que pour notre in-